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samedi 5 novembre 2016

Tizi Ouzou: Quand une route barrée devient une tragédie familiale

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Tizi Ouzou : quand une coupure de route se transforme en tragédie


Une légère brise souffle, ce vendredi 4 novembre, sur le village Tazrart, commune de Makouda à une vingtaine de kilomètres à l’est de Tizi-Ouzou. Les visages sont crispés et un silence inhabituel règne. Les habitants sont toujours sous le choc. Lundi dernier, un accident de la circulation a emporté deux frères à la fleur de l’âge. Comment une coupure de route s’est transformée en drame familial ? Retour sur une tragédie.

Choc et indignation

Les événements remontent à la journée du 31 octobre. Ce jour-là, les villageois de Sliha, relevant de la commune de Makouda, ferment les deux accès principaux qui relient ladite commune à Tizi-Ouzou, à savoir la RN 72, ainsi que le chemin de wilaya CW3. Les manifestants réclament de l’eau potable et du gaz de ville.

Une action « ordinaire » en Kabylie où les fermetures de routes sont fréquentes. Il ne se passe pas une semaine, en effet, sans que des manifestants ferment une route pour exprimer des revendications sociales.

Pour bloquer la route, les manifestants utilisent des objets hétéroclites. Ils couvrent la chaussée de pierres et de morceaux de verres. L’action paralyse la circulation pendant toute la journée. La nuit tombée, les manifestants rentrent chez eux, sans nettoyer la route.

Slimane Chergui, âgé de 38ans part chercher sa femme. Il passe par la route nationale fermée par les manifestants. En essayant de se frayer un chemin en pleine nuit, sur une route non éclairée, son véhicule percute un objet tranchant. Le frottement provoque une étincelle et la voiture prend feu. Les flammes ravagent en quelques minutes le véhicule mais le conducteur est sain et sauf.
Sous le choc, Slimane appelle à l’aide son frère Sadek, âgé de 43ans. Ce dernier, accompagné par des voisins, prend sa voiture et part pour secourir son frère. Arrivé sur place Sadek tente, tant bien que mal, de rassurer son frère. Soudain, une voiture arrive en toute vitesse, dérape et percute les deux malheureux frangins. Le conducteur, un jeune de 20ans, du village Tarihant, de la même région, ignore que la route est quasiment impraticable. Surpris par l’amas de pierre qui jonche la route, il perd le contrôle de son véhicule qui dérape pour toucher de plein fouet les personnes se trouvant devant la voiture calcinée. Le choc est violent. Les deux frères décèdent sur place. Les accompagnateurs sont légèrement blessés. Sadek et Slimane sont morts. La nouvelle retentit dans tout le village. Slimane laisse derrière lui une veuve et trois enfants. Sadek venait de se marier. Les deux victimes sont enterrées le lendemain à 16h au cimetière du village, en présence d’une foule impressionnante. « Je ne me souviens pas avoir vu autant de monde dans un enterrement », remarque une dame du village. La mort des deux frères a ému toute la région.

Enterrement des deux
La voix de la sagesse l’emporte…

Depuis la mort de Sadek et Slimane, la tension est palpable au village, la vengeance a traversé tous les esprits. Le comité du village a rapidement pris les choses en main. Plusieurs réunions ont été organisées pour essayer d’apaiser les tensions. Après plusieurs discussions, le comité de village a opté pour la sagesse. Ce vendredi, des voitures ont formé une caravane qui a démarré à 9h du village Tazrart pour se diriger vers le lieu du drame. Sur place, une minute de silence a été observée et des gerbes de fleurs ont été déposées en hommage aux deux victimes.
« Nous sommes tous Sadek et Slimane », « Tazrart est en deuil » ont inscrit les villageois sur des banderoles noirs, accrochées à l’entrée du village.
Enfants, jeunes, et vieux ont marché dans le silence, arborant les photos des défunts et des banderoles.
Des habitants d’autres villages se sont joints à eux. Un bus du village Tarihant – village du jeune qui dont le véhicule a percuté les deux frères –, est venu en guise de solidarité. « Tarihant en Deuil », lit-on sur une banderole blanche.
Environs 1000 personnes étaient présentes. Un dispositif de sécurité discret a été mis en place. Une seule voiture de police a été dépêchée. Les jeunes du village, vêtus de gilets, ce sont occupés de l’organisation. Une voie a été libérée pour la circulation automobiliste.
« Nous sommes là aujourd’hui pour marquer un deuil profond », a insisté Arezki Besseghir, chef de comité du village qui a insisté sur le dialogue et la paix. Cette action est synonyme de sagesse, les villageois ont préféré la voix du dialogue et du pacifisme au lieu de recourir à des règlements de comptes. « Notre message est noble, nous voulons honorer la mémoire des deux victimes en toute sérénité », insiste M.Besseghir.

« La fermeture de route de manière sauvage doit cesser » est également un autre message important que veulent passer les habitants de Tazrart à l’opinion publique ainsi qu’aux autorités. « Nous sommes là pour attirer l’attention sur cette tragédie qui pouvait toucher n’importe qui d’entre vous. Il faut que ce genre de comportement cesse, les gens ont le droit de manifester et protester mais il faut mener des actions réfléchies et non des actions qui détruisent des familles », a déclaré Ahcen, cousin des deux victimes.

Le jeune homme ne veut pas incomber la responsabilité à une seule partie. « La responsabilité est partagée entre certaines personnes irresponsables et les autorités publiques », a-t-il dit.

Vers 11h les villageois ont regagné le village, les cœurs sont encore lourds mais le soulagement est là. Les jeunes sont beaucoup plus apaisés, il ne reste plus que justice soit faite.

TSA

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