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mardi 7 mars 2017

Algérie, aux limites de l’ajustement de la demande par la raréfaction de la voiture neuve



Les importations de voitures seront soumises à un contingentement en 2017 encore.


Il sera plus sévère que celui de 2016, passant de 90 000 véhicules à une fourchette entre 40 000 et 50 000 unités en 2017, selon le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune. D’autres produits d’importation connaîtront le même sort. Mais tout le monde le pressent, ce qui se joue sur le marché de l’automobile va très au-delà de la simple protection d’une industrie naissante de l’assemblage automobile. Face à la chute de ses revenus extérieurs, le gouvernement a choisi d’auto-ajuster la demande domestique de biens et services importés d’une manière sélective. C’est un «luxe» que les 196 milliards de dollars de réserves de change du début du cycle permet. En un mot, le gouvernement conduit, depuis la loi de finances pour 2016, un appauvrissement des classes moyennes sur le marché même qui a consacré leur enrichissement lors du cycle précédent, celui du pétrole cher : le marché de l’automobile. Les plus de 500 000 nouvelles immatriculations de 2012, l’année des rappels de la Fonction publique, incarnent le pic de consommation subventionnée au dinar officiel vitaminé par les réserves de change. C’est en priorité à ce pic que s’attaque l’ajustement version Sellal de l’offre à la demande solvable. Les Algériens sont massivement expulsés du marché de la voiture neuve. A une allure plus brutale que celle à laquelle tout au long des années 2000 ils y avaient été aspirés, avant le pic de 2012. Le signe premier de la réussite sociale des années Bouteflika est la voiture neuve.

Au sens où il est massif. Alors que la villa ou l’appartement de luxe dans la promotion immobilière demeure lié encore aux élites d’argent ou de l’administration. C’est donc massivement sur ce levier qu’agit le gouvernement. La voiture neuve redevient un produit qui reflète le pouvoir d’achat des Algériens en dinar mondialisé. Proche du dinar du marché parallèle. Ce rabotage spectaculaire a été obtenu non pas seulement par la raréfaction de l’offre de voitures avec les quotas, mais tout autant par la libération de leurs prix de vente, ce qui les a fait sortir de la portée financière des classes moyennes. Le prix moyen du neuf a augmenté de 40% à 70%, selon les modèles, en moins de 30 mois.

Ce soufflet inflationniste dirigé par le gouvernement sur le véhicule neuf a permis également de sauver le business modèle de l’industrie de l’assemblage en Algérie. Il lui a instauré le seuil minimal de marge qui la rend envisageable pour les constructeurs étrangers.

L’auto-ajustement sélectif du gouvernement Sellal, présente quelques avantages. Il permet de diffuser le sentiment que la dégradation de la situation sociale générale est contenue. C’est un excès capricieux, l’accès à la voiture neuve, qui a été corrigé. Les autres besoins d’équipement des ménages sont saufs. Notamment ceux de l’électroménager liés aux logements, l’autre accès que veut préserver le gouvernement dans ses arbitrages de politiques publiques. Ce n’est pas mince. Toutefois, la régulation du marché automobile, dans le sens d’un meilleur approvisionnement de la demande, va rapidement devenir une exigence pressente. D’abord parce que les transactions sur le marché de l’occasion se sont considérablement ralenties à cause de l’effet d’alignement des prix à la vente de l’occasion sur ceux du neuf. Ensuite parce que les politiques de la mobilité substitutives au ralentissement du recours à la voiture sont en retard dans les grandes villes.

Enfin, parce que l’industrie de l’assemblage locale va poser le même problème de cherté des produits assortis d’une faible attractivité, la gamme de l’offre n’étant pas suffisamment diversifiée. Le gouvernement a peut être bien manœuvré en décapitant le pic de consommation de la voiture. Il tomberait dans le travers inverse en laissant l’accès à la voiture neuve devenir un challenge patrimonial majeur pour les Algériens. Il leur rappellerait les années 90. Les années où ils devaient trouver les combines pour aller acheter eux-mêmes une voiture à l’étranger. La possibilité d’acheter de l’occasion compensait le différentiel de change entre dinar officiel et dinar parallèle. La pression pour aller dans ce sens existe.

Elle va se renforcer après le quota Tebboune. Un homme avait entrevu cette situation et l’avait anticipée en proposant le retour à l’auto-importation par les particuliers des voitures d’occasion de moins de trois ans. C’était le regretté Bakhti Belaib, que Abdelmadjid Tebboune a remplacé au ministère du Commerce.
La conjoncture algérienne des années contre-choc pétrolier 2014 est différente de celles du contre-choc de 1986. Pas seulement à cause du niveau de l’endettement incomparable et de celui des réserves de change. En 2017, à l’inverse de 1986, il existe des secteurs d’activité transformés par l’investissement privé. Cela permet de mieux résister à la crise des ressources budgétaires de l’Etat qu’il y a trente ans, lorsque l’économie productive émargeait largement à la subvention publique. Ces secteurs actifs entraînés par le privé amènent une nouvelle génération de problèmes que l’Etat régulateur ne connaît pas : les capacités excédentaires de production. Le secteur des boissons est sur le point d’y entrer.

Celui des matériaux de construction y arrivera, pour le ciment, dès cette année 2017. La surproduction pourrait même atteindre les 10 millions de tonnes de ciment dès 2019, prévient le directeur des relations publiques de Lafarge, Holcim Algérie, détenteur de 40% de parts de marché. Le gouvernement Sellal apprend tout juste à raboter des excédents de demande, en rendant l’offre rare et chère (voitures). Il doit apprendre vite à trouver une nouvelle demande pour une offre excédentaire s’il ne veut pas laisser enfler une bulle de production qui peut éclater et déstabiliser les acteurs des matériaux de construction. Cette nouvelle demande pourrait être celle de marchés extérieurs. Lafarge Holcim y travaille. Mais dans tous les cas, les quantités prévisionnelles à écouler (marchés de l’Afrique de l’Ouest surtout) ne concerneront que 5% du volume de production dans le meilleur des cas. Alors quoi? Le développement de nouveaux usages au ciment, propose Lafarge Holcim, notamment dans l’utilisation des liants hydrauliques (utilisant le ciment) dans la construction et la rénovation des routes et autoroutes.

Le béton décoratif (le ciment en est une matière première) est aussi un matériau en plein développement dans l’urbanisme (voieries, équipements) dans le monde. Il y aurait la place pour absorber jusqu’à près de 50% de l’excédent de production de ciment qui se dessine grâce à ces nouveaux usages. Deux filières se ressentiraient sans doute d’un tel virage technique chez les maîtres d’ouvrages publiques pour les routes et les voiries. Voir du côté des granulats et du bitume. La résistance sera peut-être plus forte que celle des concessionnaires automobiles, qui ne pourront pas importer plus de 50 000 unités en 2017.

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