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jeudi 16 mars 2017

On passe la nuit devant un contrôle technique dans l'Algérie de 2017



Il y a un service de nuit dans ces centres? «Non, absolument pas. Ils ouvrent à 8h du matin, mais comme on est en Algérie «lazem tnoude sbah bekri» (il faut te réveiller très tôt) pour espérer faire contrôler sa voiture», a assuré Salim d’un air des plus dépités. Nous nous «risquons» lui demander si 2h du matin ce n’était pas exagéré. Il sourit et se mure dans un silence qui en dit long. Notre réponse nous l’avons une demi-heure après en arrivant à ce centre de contrôle technique de Douaouda, il y avait déjà presque une dizaine de voitures avant Salim.

«Vous voyez…», lance-t-il en tirant nerveusement sur sa cigarette. On fait un tour du propriétaire, on trouve des jeunes et moins jeunes en train de piquer un somme dans leurs voitures en attendant l’ouverture des portes qui ne se fera pas avant 8h du matin, comme inscrit noir sur blanc sur l’écriteau de la porte d’entrée.

Des fermetures et des quotas…
L’un d’eux nous apercevant en train de «scruter» les voitures, sort pour demander des explications et en profite pour l’interroger sur cette situation rocambolesque. «Je suis venu juste après le match de Leicester. Cela fait une semaine que j’essaye d’effectuer ce fastidieux contrôle technique dans tous les coins d’Alger en m’y rendant juste après la prière du matin, sans résultats», peste-t-il. «Depuis la mi-février, c’est l’enfer pour passer le contrôle technique de sa voiture.

C’est partout le même parcours du combattant, on nous a expliqué que plusieurs ont été fermés pour non-conformité et un quota journalier a été imposé pour chaque centre», explique-t-il en avouant l’avoir échappé belle lors d’un contrôle de police. «Si vous vous faites choper avec un contrôle technique arrivé à expiration, on vous fait un PV qui sera envoyé à la justice et il y a un risque de prison ferme. Un policier m’a arrêté il y a deux jours, heureusement qu’il a été compréhensif par rapport à la situation actuelle et m’a laissé partir», a-t-il ajouté.
Il est plus de 3h 30 du matin. Plus le temps passe, plus la file d’attente s’allonge. Les voitures se placent l’une derrière l’autre. Les visages sont crispés, les regards sont lourds. On décide à ce moment de faire une petite tournée nocturne des différents centres de contrôles technique de la capitale.

Notre première escale nous mène à Chéraga (banlieue ouest d’Alger). De loin on constate déjà que la situation est bien pire. Il y a plusieurs dizaines de voitures qui font la queue. Ici, personne n’ «ose» piquer un petit somme de peur de se faire doubler…Tout le monde est aux aguets, le ton monte, des débuts de rixes éclatent entre certains automobilistes avant que d’autres ne viennent calmer les esprits chauffés à blanc. «Cela fait une semaine que j’essaye de faire ce contrôle de Mxxxx. J’ai fait le tour des centres de la capitale sans succès.

Je me suis même absenté plusieurs fois de mon boulot à cause de cela, mais rien y fait! J’en ai marre aujourd’hui je n’ai pas dormi de toute la nuit, je passerai coûte que coûte», fulmine-t-il avant de se faire soutenir par ces camarades d’infortune. Tout comme à Douaouda, les «aventuriers» de Chéraga expliquent cette malheureuse situation par la fermeture de certains centres et les quotas imposés. «Enfin, c’est la justification que les agents nous ont donnée», ont-ils précisé. On continue notre parcours du combattant, cette fois-ci en direction de l’est de la capitale. Plus exactement à Bordj El Kiffan, avant de se rendre à Bordj El Bahri. Il est plus de 5 h du matin, il y a certes quelques voitures qui attendent, mais ce n’est pas comme à l’ouest. «J’ai fait ma prière d’El Fadjr, et je suis là à attendre pour passer effectuer un simple et petit contrôle technique.

Il faut attendre plusieurs heures pour espérer passer, tout en priant Dieu qu’arrivé votre tour vous ne serez pas celui à qui on dit: ‘pas de chance, vous devez revenir après… »», s’insurge Aïssa, qui selon lui, sa Clio de 2015 ne devrait même pas être soumise à ce qu’il qualifie d’une formalité, et ce du fait de son état encore neuf.

L’est moins infernal que l’ouest
Aïssa fait savoir qu’il avait déjà tenté une première chasse au…contrôle technique en début de semaine, mais il est entré bredouille chez lui. «Je suis arrivé à 6h du matin, il y avait déjà plusieurs voitures avant moi, l’agent de contrôle a compté 40 voitures, tous ceux qui venaient après la 40ème étaient appelés à revenir un autre jour», raconte-t-il désespéré.

Effectivement, la mésaventure de Aïssa est corroborée par plusieurs autres automobilistes avec qui on a décidé de terminer de discuter jusqu’à l’ouverture des portes. Il est 7h du matin, un homme arrive et tente de se faufiler discrètement au milieu des voitures avant de rentrer dans le centre. C’est un agent! «On est censé ouvrir à 8h – 8h30 mais depuis qu’il y a cette précision on essaye d’arriver le plus tôt possible pour essayer de gérer la situation», avoue celui qu’on appellera Mohamed. Moh, nous fait savoir qu’effectivement la situation à l’est était moins tendue qu’à l’ouest du fait qu’il y avait plusieurs centres qui activaient du côté est.

«A l’ouest, beaucoup ont été fermés pour non-conformité», affirme-t-il en confirmant ainsi que cela était une des raisons de cette crise. Il pointe toutefois du doigt les automobilistes qui attendent tous la dernière minute pour effectuer ce contrôle. «Ils attendent tous la dernière minute. Et vous savez, chez nous les achats de voitures s’effectuent souvent en début d’année ou à cette période de mars lors des foires de l’automobile.

Donc, c’est presque la même date pour tous d’où cette forte précision», estime Mohamed. Pour ce qui est de la politique des quotas, il indique que cela a été instauré par les centres eux-mêmes et ce selon leurs capacités journalières. «Vous allez voir, le dernier dans la file a beau être venu à 5h du matin, il ne passera qu’en fin de journée…», garantit-il. Une affirmation qui se confirme tout au long de la journée, où Aïssa avec qui nous avions parlé plus tôt n’est passé qu’à midi! Ceux qui sont venus après, y ont passé la journée, mais malgré ce calvaire de plus d’une journée ils sont repartis tout «heureux» d’avoir pu effectuer un petit contrôle technique. C’est cela l’Algérie de 2017: dramatique…!

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